Le jambon du Kintoa, issu d’un porc rustique du sud-ouest de la France (race « Pie noir du Pays basque »), vient d’obtenir la reconnaissance d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) européenne
Cette reconnaissance, annoncée ce mercredi par l’Institut national des appellations d’origine (INAO), qui garantit la zone et les méthodes de production ancestrales, est le dernier pas qui restait à franchir à ce jambon basque (AOC depuis 2016) pour être pleinement reconnu au niveau continental. Ce sera le cas notamment dans les accords commerciaux noués par l’Union européenne avec d’autres pays. Sans oublier une protection accrue à l’exportation comme le sont d’autres appellations européennes de vins, charcuteries ou fromages ou comme les fameux jambons ibérique. Historiquement, le nom Kintoa trouve son origine dans le droit de glandage (appelé communément « droit de quinta ») que percevaient les rois de Navarre au XIIIe siècle pour les porcs menés en transhumance dans les montagnes royales de Navarre et qui se nourrissaient essentiellement de glands.
Une production locale et traditionnelle
La zone géographique de production s’étend d’Oloron-Sainte-Marie à Bayonne et inclut quelques communes des Landes, où un peu plus de 8000 bêtes sont élevées (490 truies, 4022 porcelets à l’engraissement et 3707 porcs abattus en 2018). Il est produit par 72 fermes spécialisées dans l’élevage de cette race de porcs Pie Noir basque, élevés en prairie ou dans les bois exclusivement. L’animal doit être nourri exclusivement d’herbes, de glands et de céréales provenant de la zone d’élevage. Le jambon du Kintoa a une coupe dite « ibérique » sur la patte entière, salé à sec avec du sel « de Salies-de-Béarn » (IGP) et parfumé avec de la poudre de piment d’Espelette (classée AOP). Il faut compter un minimum de 16 mois d’affinage. Avec 6000 pièces de jambon sorties en 2018, la production du Kintoa reste toutefois modeste, surtout face à ses concurrents AOP espagnols (plus de 2,5 millions en 2017). Cette reconnaissance AOP va certainement exciter l’intérêt des amateurs de jambon sec en Europe. Aux éleveurs basques de se préparer à répondre à une demande croissante. PhG (avec AFP)